Aujourd’hui se tient la cérémonie de panthéonisation de Robert Badinter, célèbre juriste français connu pour ses différentes lutes en faveur des droits humain, notamment pour l’abolition de la peine de mort et la dépénalisation de l’homosexualité. À cette occasion, je ne pouvais pas résister à l’envie de partager une petite anecdote s’étant déroulée en 1940 qui inclue Robert Badinter et Karl Hotz.
Si vous n’êtes pas d’origine nantaise, le nom de Karl Hotz ne vous dira sans doute rien. À Nantes on le découvre peu après la fin de la première guerre mondiale, en 1929 plus précisément. L’Allemagne est alors condamnée à de lourdes réparations de guerre et, dans ce cadre, des Allemands sont chargés d’effectuer des travaux d’intérêts généraux un peu partout en France. Or, Nantes est coupée en deux par l’Erdre, une rivière qui se jette dans la Loire. Cette coupure étant gênante pour la vie de tous les jours, un ingénieur Allemand, Karl Hotz, est chargé de détourner l’Erdre dans un tunnel puis de combler son ancien lit.
L’histoire aurait pu en rester là, mais durant la seconde guerre mondiale il revient à Nantes. Sauf que cette fois, ce n’est pas en tant qu’ingénieur de travaux publics mais en tant que « Feldkommandant der Stadt Nantes », c’est à dire officier supérieur en charge des troupe d’occupations de tout le département. Il occupera ce poste un peu plus d’un an jusqu’à ce qu’à un commando communiste ne l’abatte.
En guise de représailles, les autorités Allemandes ordonneront l’exécution de 50 otages. 48 seront effectivement fusillés, dont Guy Môquet qui n’était âgé que 17 ans. En mémoire de ces otages lâchement assassinés, le cours désormais remblayé où se trouvait autrefois le lit de l’Erdre a été nommé cours des 50 otages et un monument orné des 48 noms y a été dressé.
Il se trouve que Robert Badinter, alors enfant, et Hotz Hotz ont été tous les deux été pris en photo exactement au même endroit et sous le même angle, sur l’actuel cours des 50 otages à l’intersection avec la rue de la Barillerie. Les bâtiments n’ayant pas changés, l’emplacement est très reconnaissable.


Et comme vous l’avez deviné, je n’ai pas pu résister à l’idée de me prendre en photo au même emplacement.

Notons également qu’en 1939 Robert Badinter entre au « Petit Lycée », une annexe du lycée Clemenceau qui est aujourd’hui devenue le lycée Jules Verne, où j’ai également étudié.